Lettre de Moscou. Un étrange convoi s’est engouffré, de nuit, samedi 22 août, dans les rues de Moscou. Le camion, transportant sur sa plate-forme, dissimulée sous un drap, une énorme masse ronde de la taille d’un baleineau, s’est arrêté devant la salle du Manège, au pied du Kremlin. Avec précaution, il a fallu hélitreuiller l’engin, et ouvrir grandes les portes pour faire entrer la reine des bombes. L’arme de destruction massive la plus puissante de l’histoire de l’humanité. « Tsar Bomba », comme l’ont surnommée les Américains.
Jamais encore exposée au public, elle trône au centre de l’exposition organisée par la très sérieuse Agence fédérale de l’énergie atomique, Rosatom, célébrant la « réaction en chaîne de la réussite » à l’occasion des 70 ans de l’industrie nucléaire en Russie. Cette rétrospective se tient du 1er au 29 septembre dans la plus grande salle de la capitale, au moment où Vladimir Poutine foulera – pour la première fois depuis 2007 – le sol américain afin de participer à l’Assemblée générale de l’ONU. Là où, précisément, à la même tribune, le 12 octobre 1960, Nikita Khrouchtchev lança : « On va vous montrer la mère de Kouzka », qui deviendra le nom de code donné à la bombe H soviétique par ses constructeurs.
LE MONDE
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