Femmes ou hommes, jeunes ou moins jeunes, nous sommes tous des chimères. La métaphore n’entend pas dénoncer notre condition de mortels. Elle témoigne d’une réalité biologique qui fait écho à la description d’Homère : il y a vingt-huit siècles, l’aède grec évoquait dans l’Iliade ces fabuleuses créatures hybrides, « lion par-devant, serpent par-derrière, chèvre au milieu ». Nous n’en sommes pas là. Mais la biologie moléculaire nous l’enseigne aujourd’hui : chacun de nous recèle, tapies dans sa moelle osseuse, son cœur, son foie, son pancréas, sa peau… ou même son cerveau, des cellules génétiquement différentes de ses propres cellules.
Présentes en faibles quantités, ces cellules étrangères ont été acquises naturellement lors de la grossesse. Certaines proviennent de notre mère biologique. D’autres sont issues des fœtus que les mères ont portés. D’autres enfin, plus rarement, émanent de nos frères ou sœurs aînés, voire d’un jumeau parfois ignoré.
Quelles sont les conséquences, pour la santé maternelle, de ce « microchimérisme fœtal » ? Publiée le 28 août dans la revue BioEssays, une étude américaine, menée par l’équipe d’Amy Boddy (université de l’Arizona), dresse un bilan des recherches sur ce thème. Où il apparaît que ces cellules fœtales sont des Janus, dotés d’une face bénéfique et d’une face maléfique.
« Présent chez tout le monde »
« Le placenta n’est pas une barrière hermétique », souligne Nathalie Lambert, de l’Inserm (université d’Aix-Marseille). Il laisse passer des cellules du fœtus vers sa mère et inversement....
LE MONDE
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