Les points communs entre Dinaw Mengestu et D…, le héros anonyme de son troisième roman ne manquent pas. A l’instar du jeune homme qui a abandonné les treize noms de ses ancêtres en atterrissant dans le Midwest, l’auteur, qui aurait eu sept noms si sa famille était restée en Ethiopie, ne porte aujourd’hui que celui de son père et un prénom entièrement inventé par ce dernier quand il est arrivé aux Etats-Unis. Pourtant, si vous l’aviez interrogé au début de l’écriture de Tous nos noms, en 2009, l’écrivain vous aurait affirmé que son roman était « complètement détaché de son histoire familiale » et que l’intrigue se déroulerait uniquement sur le continent africain. « Un an plus tard, le livre avait basculé en Amérique », dit en souriant Dinaw Mengestu, qui envisage à présent Tous nos noms comme la dernière pièce d’une trilogie familiale entamée avec Les Belles Choses que porte le ciel (Albin Michel, 2007, Prix du roman étranger), puis Ce qu’on peut lire dans l’air (Albin Michel, 2011). Les meilleurs livres sont souvent ceux qui échappent à leur auteur. Réécrit à plusieurs reprises, cinq années durant, puis coupé avec l’aide de son éditrice, celui-ci, après lui avoir beaucoup coûté, n’aura cessé de surprendre Dinaw Mengestu.
LE MONDE
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